Oui, absolument ! Une tournée qui m’a menée à Biskra, Hassi Messaoud, Aïn Amenas, Oran, Constantine, Mostaganem, Laghouat, Chlef, Skikda, Ouargla... Au Sahara, j’ai été agréablement surprise. Les spectacles affichaient toujours complets. La présence d’un tel public était la preuve et l’évidence de sa mélomanie andalouse. Les gens du Sud apprécient vraiment la musique andalouse et le hawzi. Le public est hospitalier et généreux.
Vous prenez tout votre temps pour la réalisation d’un album. Vous êtes perfectionniste ?
Oui ! Je sors un album tous les deux, trois ans. Je donne le temps aux mélomanes d’apprécier le disque. Ce rythme me convient parfaitement. Bien que j’aie les capacités de faire là, tout de suite, un album. Quand j’enregistre une nouba, il faut qu’elle soit de bonne qualité, et à la hauteur des espérances des amateurs de musique andalouse.
Vous venez de publier un nouvel album, une nouba Ghrib. Quelle est la différence avec les autres noubas Ghrib enregistrées ?
Vous savez, j’enregistre l’andalou, l’aroubi et le hawzi. Je fais dans le patrimoine national andalou. J’ai déjà enregistré déjà des noubas Rasd, Ghrib, Raml... Et la nouvelle est une nouba Ghrib n°2 avec des chghallate. La différence ? Cette nouba Ghrib a été enregistrée avec l’orchestre de la Radio nationale. Et puis, j’étais aux manettes pour le mixage avec un technicien. (Rires). L’enregistrement s’est fait en deux jours. Le 3e jour, c’était le mixage. Je suis quelqu’un qui se prépare pour les enregistrements en studio.
L’enregistrement des noubas chez vous fait office d’acte pédagogique, voire de devoir de mémoire musicale...
J’ai grandi dans la musique du terroir andalou. J’ai fréquenté l’école de Tlemcen et d’Alger. C’est un labeur pédagogique, mélomane et lyrique. C’est un partage avec et à l’endroit du public. C’est une musique savante. Un devoir de mémoire collective. En tant qu’interprète et instrumentiste, je me plais dans les deux styles ainsi qu’au sein de l’école de Constantine, celle du mahdjouz.
Vous venez de rendre hommage à une diva du hawzi, maâlma Yamna...
Oui, c’est dans le cadre de la manifestation, « Alger, capitale de la culture arabe ». On m’a sollicitée pour rendre hommage à cette grande dame, maâlma Yamna. J’ai enregistré un album avec l’orchestre de la Radio nationale. C’est un immense honneur que de saluer musicalement la mémoire de maâlma Yamna, sous les auspices de la Radio nationale. Une diva du hawzi. Elle avait enregistré 500 titres. C’est énorme ! J’ai été ravie et heureuse de réaliser ce disque qui sortira bientôt.
Les duos avec les autres artistes...
J’ai fait un duo avec Nacereddine Chaouli avec la chanson Zaâbli T’mili. Cependant, inchallah, un album avec le maître du malouf El Hadj Tahar Fergani. Par ailleurs, j’ai fait des duos scéniques avec le groupe espagnol Cervantès, et une formation turque avec laquelle j’ai interprété une chanson Youk Babagi en turc. Mais le moment inoubliable fut celui avec Mustapha Skandrani à Tlemcen. Lui au piano et moi avec la kouitra (violon traditionnel). On a joué en bonne intelligence et dans une telle harmonie comme un orchestre. Sa confiance en moi était la plus belle caution de cheikh Skandrani.
Justement, vous êtes instrumentiste...
Oui, c’est mon père qui m’a appris le luth. Je joue de la kouitra, rebab, mandoline, demi-mandoline, guitare et de la percus (derbouka), le mizan quoi. J’ai été à la grande école de la Mosselia où j’ai tenu le mizan (rythme). A la salle Ibn Khaldoun, je m’y suis produite toute seule sans orchestre. Une voix et la kouitra. C’était la première fois qu’on voyait une chanteuse évoluer d’une manière dépouillée.
Qu’écoute comme musique la chanteuse Zakia Kara Terki ?
J’aime la musique classique, Bethoveen, Wadiaâ Essafi, Aznavour, Adamo et la musique country américaine, le banjo y est caractéristique. Et Ahmed Wahby depuis que j’étais petite. C’est un grand monsieur du wahrani. Je garde un très bon souvenir de lui. Ahmed Wahby était venu à Tlemcen voir mon père qui était luthier. Et c’est moi qui lui ai ouvert la porte, j’avais treize ans.
Des projets...
Je prépare la nouba H’cine du M’ceder au Khlass inédits. Ainsi que des dates de concerts à Montréal, Blida, Carthage...
Vous allez voter... Oui, c’est un devoir civique. Il faut aimer son pays.
Publié dans "El Watan", le 05/05/2007