(Vidéo offerte par Cheikh Yahia Ghoul)
Pensées pour Dr. Yahia Ghoul, un maître parti trop tôt.
Épris de musique andalouse algérienne, maître Dr. Yahia Ghoul رحمه الله aura consacré une grande partie de son existence à la préservation et à la promotion de cet art musical. Sa passion l’a conduit à partager inlassablement son savoir à travers d’innombrables interviews et conférences, que ce soit en Algérie ou à l’étranger.
Il a laissé derrière lui une œuvre considérable, jalonnée d’articles et d'ouvrages consacrés à la musique arabo-andalouse. Parmi ses travaux les plus emblématiques figure "Le système rythmique Mizân dans l’école de Tlemcen". Il a également livré un essai captivant sur l’appellation Gharnatî dans l’école de Tlemcen.
Son érudition ne s’arrête pas là. Il a mené des études approfondies sur la metchalia Raml El Maya, ainsi que sur le msedder Hsîn "Baha sirri", thème d’une conférence qu’il anima en 1999 au siège de l’association Ahbab Cheikh Larbi Bensari.
(Cette liste de travaux est non exhaustive.)
Un autre fait important à noter est que c’est grâce à Yahia que nous devons les enregistrements au piano de Cheikh Mohammed Bensari, ainsi que la majorité des enregistrements de Cheikh Redouane en notre possession. Parmi ces enregistrements, ceux de Redouane à la kwitra qui sont particulièrement rares.
A ce propos, Dr. Yahia Ghoul me racontait dans un e-mail en avril 2006 :
« Au cours de l’une de nos discussions, Cheikh Redouane avait formulé son amour pour la Kwithra, un instrument qu’il n’avait pas touché depuis son départ définitif de Tlemcen en 1958. A mon retour à Casablanca en mai 1985 (sur mon chemin pour les USA), je lui ai fait la surprise de lui procurer une Kwithra que mon propre frère Belkacem avait manufacturé pour lui. Tu ne pourrais jamais savoir combien il avait apprécié le fait d’avoir une Kwithra entre ses mains, il était vraiment en extase. Ceci l’a immédiatement inspiré pour se rappeler d’une Qadriya araq qu’il n’avait jamais chanté auparavant. Lui-même m’avait dit qu’il ne savait pas comment cette Qadriya lui est venue en tête. C’est peut-être l’aspect magique de cet instrument qui dû éveiller en lui certains neurones en hibernation. Cette Qadriya a été remise en circulation pour la première fois par Nassim El-Andalous grâce aux efforts de Amine Mesli, et depuis, je suis heureux de réaliser qu’elle a été reprise par de nombreuses associations à Tlemcen et à Alger, et que mon ami Nouri Kouffi ne cessait de fredonner continuellement lors de nos rencontres à Paris. »
Dr. Yahia Ghoul a également côtoyé plusieurs grands maîtres, tels Cheikhs Abdelkrim Dali, Mahmoud Bensari, Bachir Zerrouki, Mustapha Bereksi et Abderrahman Sekkal. Leurs enseignements ont eu une influence directe sur son apprentissage et sa perception de la musique.
Ardent défenseur de notre patrimoine musical, il incitait sans relâche les jeunes à se réapproprier leur héritage culturel et musical.
N’oublions pas qu’il a transformé l’apprentissage en y introduisant des contenus multimédias novateurs.
Yahia Ghoul nous a quittés le 14 février 2024. Un an jour pour jour.
Nous l’écoutons dans un stikhbar en mode djarka, accompagné à l’alto par son frère Belkacem.
(Archives Dr. Yahia Ghoul. Cette belle vidéo m’a été offerte par lui Allah yerhmou. Extrait d’une soirée privée à Oran en 1997. )
الله يرحمهم أجمعين
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