Cheikh Benguerfi Mohamed, dit Azizou
(1921- 15/01/2008)
Photo: Dr. Yahia Ghoul (Cheikh Azizou à la mandoline, à la gauche de Braham Derai)
Témoignage de Dr Yahia Ghoul …
Une autre voix d’un maestro de l’école de Tlemcen s’éteint à jamais.
Avec une modestie difficile à ignorer, une compétence remarquable et une mémoire phénoménale, cet autre maître rejoint son Créateur et s’ajoute à la grande liste des représentants légitimes du patrimoine musical arabo-andalous de notre pays.
Quand les chutes enivrantes de l’Ourit (cascades de Tlemcen) étaient pleines de vigueur, avec ses grottes amplifiant l’écho des clapotis de l’eau naturellement glacée de ce site tellement cher aux premiers réfugiés andalous, qui soupiraient à qui s’enquérait de leurs nouvelles, en répondant avec nostalgie et mélancolie :
« Law Rayt » لوريت version linguistique locale de لورئـيـت donnant apparemment ce nom particulier à ce site de Tlemcen.
لورئـيـت se traduisant probablement par : « Hélas…, si tu avais la moindre idée… »
Ce site mémorable ne peut être séparé du chantonnement mélodieux des oiseaux, et aussi, beaucoup moins de la voix de « Azizou » qui parfumait cet environnement paradisiaque de l’Ourît par ses performances qui font toute l’image nostalgique que nous gardons de ce site qui s’est tu à jamais !
Plus de cascades, plus de « Azizou », plus de cerises, beaucoup moins d’arbres, faisant fuir les derniers oiseaux pour un monde meilleur, et un désastre écologique qui commence à prendre forme et s’imposer.
Pour les mélomanes et jeunes musiciens de l’école de Tlemcen, c’est une autre opportunité perdue (comme pour tant d’autres chioukhs) pour puiser dans ses connaissances de notre patrimoine combien fragile et combien encore vulnérable.
Rahimahou Allah . « Azizou » ta mémoire indélébile restera parmi nous.
Sincères condoléances à ses enfants, sa famille, aux mélomanes et tout le monde artistique de notre pays.
Dr. Yahia Ghoul,
Houston, Texas
Janvier 17, 2008.