1- Hamedi Fethi 7- Mohammed Amine Mesli
2- Ghoul Yahia 8- Benalj Ali 3- Zerrouki Bachir 9 - Chiali Abdeslam 4- Ghaffour Abdelkader 10- Gaouar Benali 5- Ghoul Belkacem 11- Berrached Nasreddine 6- Hamedi Rachid 12- Boudia Hami
Interview avec Dr. Yahia Ghoul de Houston, le 31/05/2007, dans l’émission « Ahl El Andalous », produite et animée par Mokhtar Allal sur Radio Oran.
1 - Comment avez-vous connu Bachir Zerrouki ?
Ayant assisté plusieurs fois à certaines prestations au cours du festival de la jeunesse, où NEA en était encore à ses premiers pas, ses premiers balbutiements si l’on peut dire, Cheikh Bachir Zerrouki était venu me voir personnellement en m’offrant gracieusement la possibilité d’être personnellement, entièrement à notre service pour nous aider à apprendre ce patrimoine musical traditionnel. J’avoue que j’étais ému et honoré par une offre pareille d’un tel Maître.
Peu de temps après, il a été en fait l’instigateur principal, pour offrir à NEA un local pour les répétitions quotidiennes, dans le cercle dirigé par Mustapha Bendimered et Sid-Ahmed Bouchama à Oran (Rahimahoum Allah ajma`în), car jusqu’à ce temps là, les répétitions de NEA se faisaient uniquement dans nos domiciles respectifs.
Par ce biais aussi, dans ce cercle, avec une oreille particulièrement attentive pendant nos répétitions, il n’hésitait aucunement à interrompre souvent son moment de loisir avec ses amis proches, autour d’un jeu de cartes, ou discussions, pour venir suggérer d’autres alternatives et corriger sur le champ toute anomalie possible dans l’exécution des çan`ât, que nous étions dans le processus d’apprendre.
2 – Quelles étaient vos relations personnelles ?
Des relations exceptionnelles ! Chaque soir, après chaque répétition, Hadj Bachir Zerrouki et moi-même, partagions le même trajet pour atteindre, tout d’abord, son domicile au Boulevard des chasseurs, puis je continuais pendant une dizaine de minutes pour rejoindre le mien. Cette petite demi-heure, en début de chaque soir, que nous partagions ensembles, a été, à mon sens, la plus bénéfique de mon point de vue personnel. Je n’ai d’ailleurs pas assez de mots pour remercier sa gratitude et générosité pour m’apprendre tout les évènements et anecdotes qui entouraient monde musical, me chatonnant souvent des çan`ât et autres compositions de ce patrimoine traditionnel qui lui était particulièrement cher. Souvent aussi, nous passions de longues après-midi chez lui pour m’apprendre des choses nouvelles et raffiner ma propre technique.
3 - Quel a été son apport pour NEA ?
Considérable, sans le moindre doute. NEA doit énormément à l’apport direct de Hadj Bachir Zerrouki, et on ne pourrait jamais le remercier suffisamment pour son rôle important et la part substantielle dans notre apprentissage du patrimoine musical. Après Mahmoud Ben-Sari, mon premier maître personnel, c’est Hadj Bachir Zerrouki qui était le moteur principal derrière l’apprentissage continu de NEA.
4 - Avait-il les qualifications d’un Cheikh ?
Bien que le terme de Cheikh, dans l’absolu, implique une espèce de relation directe avec des élèves et des disciples, où un Cheikh dispense des leçons régulières, Hadj Bachir Zerrouki, bien qu’en marge d’un enseignement conventionnel de cette sorte, n’en est pas moins, et sans aucune ambiguïté, un Cheikh à part entière, puisque par exemple, NEA lui doit une partie majeure de son apprentissage et de ses connaissances, de manière relativement directe.
Cet apprentissage, dont j’ai eu le privilège d’être le vecteur principal, s’est fait tout d’abord à travers ma propre personne pendant plus d’une douzaine d’années, puis à travers mon regretté compagnon intime et frère de longue haleine: Dr. Mohammed Amine Mesli (Rahimahou Allah) qui avait pris le relai en devenant un chef d’orchestre exemplaire au sein de NEA. Son travail est toujours là pour en témoigner.
A coté de ces deux élèves de Cheikh Hadj Bachir Zerrouki que je viens de citer, (Amine Mesli, et ma propre personne), n’oublions surtout pas un autre élève, sur le même pied d’égalité d’ailleurs, un mélomane hautement apprécié, assidu et dynamique, qui n’est autre que votre invité du jour, le Docteur et Cheikh Amine Kalfat, qui est un autre frère intime de longue date que j’ai eu la chance de côtoyer, et dont le père Hadj Mahmoud Kalfat fut responsable pour mon apprentissage personnel de plusieurs morceaux, dont, un medh favori de mon arrière grand-père, Cheikh Abdeslam Ben-Sari, celui de : Bijahi et-Tijânî enregistré à la RTA d’Oran en 1977.
Je profite donc de cette occasion pour adresser à un de ces rares Cheikh de nos jours, dont la compétence demeure incontestable, doublée d’une modestie et d’une humilité exemplaire, ce Cheikh, Dr. Amine Kalfat, je lui adresse mes pensées les plus sincères et lui exprime toute ma gratitude pour ses efforts personnels, d’avoir réussi à passer le message à une pépinière prometteuse, dont ses propres enfants et neveux.
5 – Quelle était la place de Bachir Zerrouki dans l’ensemble de CLBS ?
Là il n’y a pas de secret. La maitrise instrumentale et vocale de Hadj Bachir Zerrouki, avec une voix mélodieuse, veloutée, captivante et ensorcelante, qui a bercé les oreilles de nombreux mélomanes amoureux de ce patrimoine, ont fait de Hadj Bachir une pièce maitresse irremplaçable dans l’ensemble de CLBS, ce qui rendait ainsi, la compétition difficile pour d’autres musiciens. N’oublions pas aussi de mentionner et remercier d’autres maitres talentueux comme Hadj Mustapha Bereksi, que je salue personnellement, Boumédiène Benqbil, Abdelghani Malti, Kheireddine Ben-Aboura (Rahimahoum Allah ajma`în).
En plus de ses talents de soliste et d’instrumentiste remarquable, n’oublions pas aussi que Hadj Bachir Zerrouki était doté d’une mémoire phénoménale, car je ne l’ai jamais vu consulter un document quelconque lors de mon apprentissage personnel avec lui, que ce soit dans la çan à, le Hawzî ou le Madîh.
En résumé, Hadj Bachir Zerrouki (Rahimahoumou Allah) était un Cheikh exemplaire, qui a laissé une empreinte permanente et indélébile sur la musique classique de l’école de Tlemcen.
6 - Remerciements.
A titre personnel, et au nom de tous les mélomanes et érudits de notre culture, de notre ville d’Oran et de notre école-mère de l’ancienne capitale Zianide : Tlemcen, je tiens à remercier toute l’équipe de Radio Oran, plus particulièrement son Directeur et tous les techniciens responsables qui œuvrent quotidiennement pour nous faire parvenir les ondes de Wahran Al-Bahia jusqu’aux 4 coins du monde, en passant par Houston au Texas d’où je vous parle en ce moment.
N’oublions pas aussi notre ami Mokhtar Allal pour tous les efforts et sacrifices personnels qu’il met en motion pour nous présenter des émissions aussi captivantes qui nous retrempent dans la nostalgie de notre terroir qui nous est si cher.
7 - Suggestions.
Bien que notre première préférence soit tout d’abord d’écouter de la musique à Radio Bahia, n’oublions pas aussi que la mission culturelle de cette émission et de cette Radio devrait aller au-delà de l’écoute de la musique seule, et aller au-delà de notre satisfaction égocentrique.
Pour un grand nombre de mélomanes et de jeunes, assoiffés d’en savoir plus sur leur propre culture, il serait grandement souhaitable d’avoir des tables rondes, où les invités pourraient partager leurs connaissances et expériences directes dans ce domaine de notre culture. Ceci est d’autant plus vital et nécessaire, puisqu’en fait, il n’existe pas de documentation écrite sur cette musique ou sur son contexte socio-historique.
Je n’ai aucun doute que les responsables de cette émission au niveau de Radio-Oran comprennent parfaitement la nécessité impérieuse et la noblesse d’une telle mission culturelle.
Dr. Yahia Ghoul