L’overdose du laisser-aller
Diana Haddad, Kadhem Essaher, Assala, Ihab Tewfik, et la liste est encore longue…Combien est le nombre d’artiste orientaux qui se sont défilés à travers les scènes algériennes cette année ? Ou encore, quel est le montant exact du cachet qu’exigent ces artistes, en dehors de leurs autres conditions ? Combien de projets culturels algériens auraient pu être financés avec tout cet argent « gaspillé » à tort et à travers ? Combien de festivals nationaux auraient pu être créés, alimentés, perfectionnés, ou perpétués ? Enfin, est-il normal de donner la priorité aux autres cultures, alors que la notre agonise ?
Tant de questions qui resteront peut-être sans réponses. Néanmoins, une chose est sûre : Cet argent aurait mieux servi le patrimoine algérien et son tourisme culturel, et aurait certainement aidé des associations culturelles nationales livrées à elles-mêmes.
Certes, l’oriental à son public, mais il est aussi le cas pour la chanson française, le RnB et le Rap, le Rock et la Pop …Pourquoi alors cette flagrante inégalité ? Est-ce que l’Algérie n’en fait pas trop avec son esprit fraternel et affectueux à sens unique ?
Mais surtout, nous, algériens, sommes assoiffés de nos propres richesses culturelles, dont le devoir pour nous est de comprendre, servir et faire connaître : La musique andalouse et ses dérivés, le Chaâbi, le Gnawi, la Raï , le chanson kabyle, le Chawi, le Ayây, et j’en passe…
Alors serait-il impossible de créer, de financer et de maintenir en vie des festivals propres à chaque genre ? Serait-il impossible que chaque manifestation culturelle ait son droit légitime à la médiatisation ?
Je suis loin de penser que la réussite d’un organisme quelconque se limite à ramener des grosses pointures payées en dollars, pendant que nos artistes vivent dans l’ombre, terrassés par l’ignorance et la misère. Ceux-là pourtant n’espèrent qu’être reconnus, et ceci ne coûte presque rien.
Je suis gavée de voir et revoir les mêmes émissions et leurs redifs, ainsi que les concerts (Raï- Oriental) enregistrés cet été en Algérie sur nos 03 « uniques » chaînes…De quoi je me mêle, si cela arrange le service de la production de l’ENTV !!!
C’est bizarre, quand l’ENTV diffuse des programmation musicales andalouses, ce n’est qu’à des heures inaccessibles ou presque : Est-ce normal ?
Celui qui se souvient avoir vu à 21h une nouba entière ou une série de Qçayed Hawzi/ Aâroubi lève le doigt !
Cela fait trop longtemps que les nôtres essayent de cacher avec un tamis le soleil et avec un arbre la forêt. Il est temps que ça cesse. Des bonnes volontés existent mais la lumière dérange les aveugles. Il ne sert plus à rien d’utiliser les grands titres, si le contenu est stérile…
- Prions pour que soit placé « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ».
Est-il utopique de croire en de meilleurs jours ? Où chaque coin de notre pays mériterait d’être connu et reconnu ? Où il y aurait des festivals et des touristes partout ? Où les grands évènements culturels seraient décentralisés au profit de tout le peuple algérien ?
Bob Dylan a chanté « Blowin’in The Wind »…Admettons que les réponses existent. Si elles sont dans le vent, elles finiront bien par tomber un jour ou l’autre, telles des feuilles d’arbres en automne. Il nous faudra alors juste faire l’effort de les voir.
C’est de la diversité que peut naître la fécondité. Ayons le luxe de réfléchir et le courage de dénoncer. Parlons-en, c’est déjà un début.
A bon entendeur. Salut